lundi 29 novembre 2010

Rencontres d'Averroès


Rencontres d'Averroès

Ecrit par Rémi le 29/11/2010

Ce week-end avaient lieu à Marseille les 17èmes Rencontres d'Averroès qui se proposent de "penser la Méditerranée des deux rives".
Pour la première fois ces rencontres avaient pour thème l'environnement et plus particulièrement la fragilité de la Méditerranée.
Organisées en trois temps ("de la terre", "de la mer", "de l'avenir"), elles ont vu des personnalités diverses, telles que l'artiste-navigateur Titouan Lamazou, le spécialiste de géopolitique Jean-Christophe Victor, l'agriculteur-écrivain Pierre Rabhi, échanger autour de cette "mer entre les terres" si riche et si fragile.
Ayant assisté à ces tables rondes, je propose de vous restituer quelques unes des pensées les plus marquantes. La deuxième table ronde, axée sur la mer fut particulièrement intéressante.


Titouan Lamazou a notamment raconté la réduction considérable de la liberté depuis l'époque où, jeune marin, il est parti sillonner le monde avant de devenir un champion de course au large. " Il y a trente ans, on ne pensait pas aux histoires de visas, on partait... Aujourd'hui il est impossible de ne pas prévoir tout cela".
Il a également rappelé que ces dernières années 20000 personnes avaient péri noyées en tentant de gagner les rives de l'Europe dans les canots des passeurs. Et aussi rapporté une histoire qui l'a profondément choqué en tant que marin, l'agonie d'un bateau de réfugiés laissés pour compte en pleine mer par un bateau de pêche, au mépris complet d'une des règles premières de la navigation : l'assistance aux navires en perdition.
La discussion abordant par la suite la pêche il a fait part de son irritation à entendre parler de "stocks" de thon, comme s'il ne s'agissait que d'une vulgaire marchandise.
C'était un Titouan Lamazou assez en colère face à la marche du monde... on le comprend.

Jean-Christophe Victor (qui est le fils du grand explorateur des pôles, Paul-Emile Victor) que tout le monde connaît pour son excellente émission "Le dessous des cartes" sur Arte, a rappelé que chaque citoyen a le pouvoir d'agir sur la société, notamment par le bulletin de vote. "Il ne faut pas dire c'est la faute à l'Etat, à l'Union Européenne...", chacun a un pouvoir sur la société. Il a redit le besoin de "découpler" la croissance économique, afin de continuer à produire des richesses mais en arrêtant d'entamer le capital environnemental de la Terre.

Il a été rappelé que la Méditerranée représente moins de 1% de la surface maritime du globe et moins de 0,3% du volume de tous les océans, mais contient plus de 10% de la biodiversité mondiale avec 30% d'espèces endémiques. Une richesse exceptionnelle donc.

Dans la rencontre de l'après-midi, le sage Pierre Rahbi a, lui, prôné la "sobriété heureuse". Il a fait part de son indignation croissante face aux désordres du monde et a rappelé que les changements dans l'agriculture qu'il promeut (une agriculture paysanne bio) ont été mis à l'épreuve et ont réussi partout, dans tous les milieux, avec des sols qui se régénèrent et une productivité qui n'a rien à envier à l'agriculture industrielle.
Il a aussi évoqué son rapport à la spiritualité et son émerveillement devant "le mystère de la vie", qu'il tient pour toute religion. "Nous sommes là pour observer et nous émerveiller de la vie, pas pour la détruire, sinon c'est qu'il y a un problème" a-t-il énoncé.

Lors du temps d'échange, un des thèmes étant la mer, j'ai pris la parole pour faire part de mes réflexions (réflexions portées par Surfrider et d'autres organisations) : un Grenelle de l'environnement a été organisé puis on s'est aperçu qu'on avait oublié quelque chose : la mer ! On a donc dû faire un Grenelle de la mer par la suite. La France possède la deuxième zone économique maritime mondiale... mais pas de Ministère de la Mer. Si celui-ci fut bel et bien créé suite au grenelle, il a fait les frais du dernier remaniement ministériel. Tout ceci pour situer l'importance de la mer dans les politiques du pays.
J'ai également indiqué, et au même moment se déroulait la conférence de la CICTA à Paris, que l'on pouvait parfois avoir l'impression que les pêcheurs industriels disposaient d'une ligne téléphonique directe avec les plus hautes autorités, quand il est si difficile d'obtenir une décision qui va dans le sens de la protection de l'environnement. J'ai enfin évoqué l'autorisation récente de recherche pétrolière au large de Marseille...
S'il est indéniable que le discours écologique a percé dans la société, le "business as usual" est loin d'être derrière nous.

Voilà quelques échanges marquants parmi tant d'autres prononcés tout au long de ces six heures de dialogue entre Méditerranéens des deux rives (bientôt disponibles en ligne).

Rémi (Surfrider Bouches du Rhône)

samedi 20 novembre 2010

Déchets : réduisons ça déborde


Déchets : réduisons ça déborde

Ecrit par Rémi le 20/11/2010
Dans le cadre de la Semaine Européenne de la Réduction des Déchets, Surfrider Bouches du Rhône convie le public à participer à sa campagne annuelle de quantification des déchets lancée en octobre 2009 afin de mesurer l’impact des déchets marins sur le littoral marseillais.

Au pied de la Corniche, les volontaires de Surfrider Foundation Bouches du Rhône organisent un nettoyage de la digue nord du centre nautique du Roucas Blanc le dimanche 21 novembre de 13h à 17h : objectif nettoyer entièrement les 25 mètres de la zone test puis trier et peser les déchets par type (plastique, métal, verre, etc.).
Les déchets marins sont un des témoins de notre société « suremballée » qui voit chaque personne produire en moyenne 390 kg de déchets par an (source ADEME).

Ces déchets que nous ramasserons ont un impact important sur l’environnement par la dépense d’énergie nécessaire à leur production, puis les pollutions qu’ils engendrent une fois abandonnés dans la nature. Jetés à la poubelle et traités dans la filière classique ils n’auraient pas causé de tort aux écosystèmes marins et littoraux, recyclés ils auraient contribué à la diminution des rejets de gaz à effet de serre grâce aux économies d'énergie générées (1 tonne de plastique recyclé = 1 an de consommation d’énergie de deux personnes).

La réduction des déchets permet de réduire la consommation de ressources non renouvelables, de limiter les rejets de Gaz à effet de serre (GES), et au niveau local d'avoir moins recours à l'incinération ou à l'enfouissement et de maîtriser les coûts liés à la gestion des déchets (collecte, incinération, stockage).

Réduisons vite nos déchets, ça déborde !