lundi 29 mars 2010


Baignade chimique à Saména

Ecrit par Rémi le 29/3/2010
L’histoire industrielle du littoral sud de Marseille, vieille de plus de 150 ans, a connu son épilogue l'été dernier avec la fermeture de l’usine Legré-Mante au mois de Juillet 2009. Une histoire industrielle qui lègue de lourds « vestiges » à la zone littorale qui s’étend de la Madrague de Montredon à Callelongue, dans le 8ème arrondissement de Marseille.

Deux mots pour planter le décor : plomb et arsenic...
C’est dans la petite calanque de Saména que la pollution est la plus visible, les métaux lourds affleurent directement sur la plage et ses abords donnant aux sols des teintes surnaturelles assez irréalistes en ces lieux où devrait dominer la pierre blanche des Calanques.


Plusieurs autres sites pollués sont répertoriés, « l'ensemble de la zone a une superficie d'environ 260 ha, et regroupe de nombreux dépôts composés de scories et de matériaux plus fins, en situation variables : présence sur des terrains urbanisés et naturels, soubassement d’anciens murs, constitution de carnaux. Ces matériaux ont, de plus, été utilisés comme remblais (routes, chemins,...) en de nombreux endroits de ce secteur géographique ».
(source :
http://basol.environnement.gouv.fr/fiche.php?page=1&index_sp=13.0122)

Sur ces 260 hectares 29 sont pollués. Ces dépôts sont multiformes et diffus : une dépollution totale du secteur apparaît donc exclue. (source : SPPPI-PACA, commission plénière septembre 2006)

Si d’après les documents officiels les risques sanitaires semblent limités, un rapport datant de 2004 réalisé par l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) a tout de même montré qu’il « apparaissait que certaines expositions environnementales pouvaient être l’origine d’un risque sanitaire inacceptable pour la population et plus particulièrement pour les jeunes enfants.

Ces expositions sont :
- la résidence sur le site de l’Escalette et la fréquentation de la plage de Saména, quelque soit le polluant et le risque étudié (plomb et arsenic, effets cancérogènes et non cancérogènes),
- la consommation d’oursins pour le risque lié au plomb,
- la consommation de moules liée au risque cancérogène de l’arsenic. »

Au vu de ces résultats l’InVS a proposé plusieurs actions et notamment au plan environnemental :
• la réhabilitation des sites pollués (y compris ceux qui n’ont pas été inclus dans l’évaluation des risques sanitaires mais qui peuvent toutefois constituer une source de contamination) avec une priorité par rapport aux sites qui sont habités et fréquentés par des usagers,
• la fermeture de la plage de Saména s’il n’est pas possible de la dépolluer avant l’été 2005,
• l’interdiction de pêche et de consommation des oursins (la pêche aux moules est déjà interdite sur cette zone de la côte).

(source :
http://www.invs.sante.fr/presse/2005/le_point_sur/pollution_pb_180705/synthese.pdf
)

Depuis, en apparence, pas grand-chose n’a bougé. Les résidus de métaux lourds sont toujours là, mais les balisages interdisant l’accès à la plage et aux zones polluées ont quasi disparu. Seul subsiste un panneau sur la dizaine installée initialement, les câbles barrant l’accès aux zones polluées ont presque tous été arrachés…

Réaction épidermique des habitués du site ou des résidents du voisinage contrariés par cette mauvaise publicité, vandalisme ordinaire? Difficile de comprendre les motivations qui ont mené à un tel état de fait, mais là n’est pas la question qui nous préoccupe aujourd’hui.

Il est indispensable que les collectivités en charge de ce dossier exécutent l’entretien du site et la réparation des ouvrages de protection lorsque celle-ci s’avère nécessaire, comme c’est le cas actuellement. Ceci bien sûr avant de mettre en œuvre la solution définitive attendue par tous : la dépollution des sites les plus gravement touchés.



(Photos Marie Saudin pour Surfrider Bouches du Rhône)

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